DES EXPERTS DU PROGRAMME FSRP-NORVÉGIEN POUR LA TOMATE APPELLENT À UNE APPLICATION RIGOUREUSE DES BONNES PRATIQUES RÉSILIENTES AU CLIMAT
Des experts du programme conjoint FSRP-Norvège, visant à lutter contre les pénuries saisonnières de tomates, ont exhorté les agents de vulgarisation agricole à guider les producteurs de tomates afin qu’ils appliquent scrupuleusement les bonnes pratiques agricoles résilientes au climat pour garantir des rendements élevés et des fruits bien commercialisables tout au long de l’année. Ces bonnes pratiques sont mises en œuvre à travers une série d’ateliers de formation des formateurs, dans le cadre du programme d’appui FSRP-Norvège, pour répondre à la récurrence des pénuries de tomates et à la volatilité des prix à travers le pays.
PRENDRE DE LA HAUTEUR
Un Directeur adjoint à la Direction des cultures (DCS-MOFA) a déclaré que les agriculteurs utilisaient jusqu’ici du NPK 15-15-15 pour leur production. Or, il existe des engrais spécifiquement formulés pour les tomates et autres légumes – des formulations NPK complexes qui incorporent du potassium, du calcium, du bore, du zinc, du magnésium, en plus d’autres compléments nutritifs pour favoriser le développement de la plante, la formation et la rétention des fleurs, ainsi que la nouaison et la maturation des fruits.
M. Bleppony a également souligné que « compte tenu des conditions climatiques difficiles provoquées par le changement climatique, il est crucial de soutenir la plante de tomate pour qu’elle conserve ses fleurs et ses fruits ». Le programme FSRP-Norvège promeut en outre l’utilisation de semences hybrides F1 semi-déterminées, à fort potentiel de rendement grâce à leurs cycles de floraison multiples.
SURVEILLANCE APPROCHÉE
Mme Esther Agyekum, également Directrice adjointe à la DCS-MoFA, a confirmé l’importance d’un suivi rigoureux de la culture pour détecter les ravageurs, maladies et carences nutritives. Elle a insisté sur la nécessité de tenir des registres précis à chaque étape — plantation, irrigation, fertilisation, lutte contre les parasites — à l’aide d’outils tels que des carnets de ferme ou des applications mobiles.
LA MAÎTRISE DE L’EAU
Mme Agyekum a mis l’accent sur la nécessité d’une gestion rigoureuse de l’eau, recommandant d’éviter à la fois le « stress hydrique » et l’« engorgement ». La quantité d’eau nécessaire dépend de la variété, du type de sol, de la saison, du climat et du stade de croissance. « L’eau s’évapore facilement du sol, surtout lorsque la plante est jeune. L’utilisation de l’irrigation goutte à goutte sous paillage permet d’éviter cette perte en amenant directement l’eau et les nutriments au niveau des racines. » Les mauvaises herbes absorbent aussi l’eau et la restituent dans l’air. Par conséquent, leur élimination permet d’économiser l’eau.
UN SOL AMICAL
Le Dr Emmanuel Dugan, de l’Institut de Recherche sur les Sols (CSIR-SRI), a précisé que la tomate se développe de préférence dans des sols limoneux — sablo-limoneux, limoneux ou argilo-limoneux. En l’absence de ces types de sols, et compte tenu de la nature des sols dans les zones de production, il est essentiel d’enrichir les terres avec du fumier organique ou du compost vert à base de légumineuses. Cela permet non seulement d’ajouter de la matière organique, mais aussi d’apporter de l’azote, améliorant ainsi la rétention des nutriments et de l’eau nécessaires à la santé des fruits.
Il a expliqué que les tomates sont de grandes consommatrices de nutriments, et nécessitent des apports élevés et équilibrés en potassium, phosphore, azote, calcium et magnésium. De plus, il faut surveiller le pH du sol, souvent trop acide au Ghana. La tomate pousse idéalement dans une fourchette de pH de 6,0 à 7,2. En dessous de 5, la plante ne peut plus absorber les nutriments, rendant inefficace toute fertilisation et causant des pertes de rendement. Il est donc recommandé d’ajouter de la chaux ou du biochar pour augmenter le pH du sol. Il a également précisé que la fumée est très néfaste pour la tomate, car le carbone se mélange à l’eau de pluie et rend le sol acide. Il est donc strictement interdit de fumer ou de brûler quoi que ce soit près des champs de tomates.
“INSECTE-À-L’INTÉRIEUR !”
M. Robert Quarshie, de la Direction de la Protection des Végétaux et des Services de Réglementation (PPRSD-MOFA), a déclaré que les produits chimiques et insecticides ne doivent être utilisés qu’en dernier recours. La tomate étant une plante juteuse, elle est souvent attaquée par de nombreux ravageurs. Il a insisté sur la prévention plutôt que sur les traitements curatifs. Une surveillance constante et des inspections matinales sont nécessaires. « Il est crucial de maintenir une bonne hygiène sur un rayon d’au moins un mètre autour du champ, car les ravageurs se cachent souvent dans les buissons et les herbes. Les pesticides préventifs doivent être utilisés en deuxième ligne de défense. »
Conformément aux protocoles de sécurité alimentaire, il recommande les pesticides biologiques préventifs comme l’huile de neem (riche en azadirachtine) comme premier choix. Les pièges collants sont aussi efficaces. Les traitements chimiques ne doivent être envisagés que lorsque les dégâts ont dépassé le seuil économique acceptable. Il a précisé que le programme FSRP-Norvège encourage l’utilisation de semences de tomates résistantes aux ravageurs et aux maladies.
TERMINER EN BEAUTÉ !
M. Cletus Tanga, producteur de tomates dans le district de Talensi, a témoigné de l’importance de la gestion de l’humidité et de l’irrigation, surtout en saison sèche, afin d’éviter le « pourrissement apical » (Blossom End Rot), une condition irréversible liée au manque d’eau. Toutefois, il a conseillé de réduire l’irrigation une fois les fruits arrivés à maturité, afin d’en améliorer la qualité. « Les femmes du marché préfèrent les tomates fermes, avec une bonne durée de conservation. Les tomates aqueuses et peu attrayantes sont systématiquement rejetées. »
Les participants à ces formations transféreront ensuite les compétences et connaissances acquises aux groupements de producteurs sous leur supervision, dans l’optique de résorber la crise saisonnière de la tomate sur une période planifiée.
Cette activité s’inscrit dans le cadre des interventions du Programme de Résilience des Systèmes Alimentaires en Afrique de l’Ouest (FSRP), supervisé par le Ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture, pour faire face à la pénurie annuelle de tomates et aux prix instables. Ce programme est mené grâce au soutien de la Norvège et à la coordination de la Banque mondiale, avec pour objectif de revitaliser l’industrie de la tomate au Ghana grâce à la production en saison sèche.
[Bolga ; décembre 2024]
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